Il existe plusieurs structures dans lesquelles, une développeuse ou un développeur peuvent évoluer et s’épanouir. L’ Entreprise de Services du Numérique (anciennement SSII) en est une parmi d’autres : startup, service informatique interne, éditeur de logiciel, freelancing… mais quelle est la réalité des ESN, vu de l’intérieur, sans langue de bois ?
Acteur majeur du recrutement, elles ont pourtant en France une image souvent négative qui leur colle à la peau, au point que beaucoup affirment qu’elles avaient besoin de changer de nom (SSII) pour changer leur image de vendeur de viande ou bien d’intérim « haut de gamme » déguisée…
Pas facile de s’y retrouver, qui croire et surtout comment se faire un avis juste du terrain ? Après tout, c’est un bassin d’emplois énorme…
Est-ce que les startups sont le bien (pour les développeurs) et les ESN le mal ? Tout n’est pas manichéen et il existe au sein même de l’empire des acteurs de l’ombre qui militent pour que la force triomphe, la seule qui apporte valeur et épanouissement, celle de l’humain.
Je n’irai pas jusqu’à affirmer que la guerre des Siths pour un développeur fait partie de son quotidien, mais je souhaiterais vous partager aujourd’hui une vision intérieure, celle du côté obscure qui si l’on y regarde bien est une des plus grandes sources d’espoir… et de lumière.
Nicolas est HR Leader dans une société nommée « Positive Thinking Company ». Vous trouvez ce nom un peu trop beau pour être vrai ? Faites-vous votre propre avis en lisant cet article.
Je vous invite à suivre l’histoire, les valeurs et le quotidien d’un responsable RH en ESN sans langue de bois, qui met de côté les « buzzwords » pour se consacrer sur l’essentiel, l’humain, c’est-à-dire : vous.
Vous pouvez également écouter l’interview via le podcast ou bien voir la vidéo située dans l’article).
Psychologue, Recruteur RH et Geek
Depuis 10 ans, Nicolas travaille au quotidien à l’amélioration des pratiques RH en animant des évènements locaux et internationaux.
Il défend le recrutement humain, basé sur un rappel simple : ce n’est ni plus ni moins qu’une discussion entre deux personnes, deux êtres humains dans laquelle chacun essaie de faire passer des messages, de faire valoir des arguments. Le but étant que le recruteur trouve la bonne personne et que le candidat améliore sa situation, sa vie en acceptant un nouveau job.
Le « No bullshit » c’est quoi ? Ce n’est pas seulement mettre les salaires dans les offres d’emploi, c’est juste dire des choses vraies.
Le Babyfoot, les buzzwords : un attrape développeur qui cache la réalité ?
« Codeur Ninja », baby foot dans l’entreprise ça veut dire quoi ou plutôt cela sous-entend quoi ? Peut-être avez-vous déjà entendu ces termes (ou d’autres) ou vous sentez l’appât… mais finalement combien de temps allez vous profiter réellement de ce baby foot ? Quel est le vrai esprit d’entreprise qui se cache derrière, comment sera l’équipe cliente ou vous allez peut-être intervenir en mission (et où il n’y a pas de baby foot) ? Ces questions Nicolas se les pose (et bien d’autre) en abordant la relation candidat avec un angle différent.
Les questions auxquelles il répond sont :
Pourquoi on est là, quelles sont les valeurs de l’entreprise, ce qu’on va faire toute la journée (concrètement), qui sont nos collègues, quelle est la vision du management, avec qui allons nous travailler, quelles sont les technologies (pas juste des mots clefs type devops, devsecops, cybersec), est ce que le client est sympa…
Une autre question se pose. Si la majorité des recruteurs travaillait plus sur le fond avec une transparence sur la forme, cela n’améliorerait-t-il pas l’image du recrutement IT en général et dans les ESN en particulier ?
Pas de combats pour Nicolas, mais des causes à défendre
Mettre en place des bonnes pratiques et des processus qui soient claire et compris par tous, c’est indispensable pour obtenir des résultats visibles et efficaces.
Que ce soit des entretiens structurés, semi-structurés ou non structurés ce doit être un choix partagé et clair pour tout le monde.
La diversité et l’inclusion sont des sujets qui résonnent pour Nicolas au-delà des mouvements sociaux sur ces sujets, puisqu’ils font partie des causes pour lesquelles il agit et apporte, à son échelle, des actions concrètes.
Comme souvent, les résultats les plus efficaces sur le terrain sont le fruit d’un long processus d’enseignement et d’éducation. Comme l’aborde Estelle Landry dans son interview, la place des modèles pour inspirer les vocations pour tous est fondamentale. Nicolas illustre très bien ce propos en donnant l’exemple du « devenir informaticien » et pas « informaticienne »… le vocabulaire est important…
Comment faire quand cette éducation est absente ? Comment agir concrètement pour mettre en place la diversité et l’inclusion ?
Imaginez que vous avez 55 ans, de belles compétences, un savoir faire, un savoir être et un faire savoir étoffés par les années d’expérience. Vous cherchez un emploi et là vous trouvez des portes fermées, aussi belles que les compétences que vous avez mis des années à travailler, mais fermées.
C’est le type de profil pour lequel Nicolas s’est engagé alors qu’il n’y avait pas de mission à lui proposer en ESN. Il a été convaincu par ce profil et indépendamment de son âge était persuadé qu’il avait énormément de qualités à aborder à l’entreprise. C’est un pari qui s’est montré gagnant.
Dans un autre contexte, mettre en place un partenariat avec une association (en Suisse où Nicolas travaille) qui aide à la « re »-professionnalisation de réfugiés politiques, de guerres, en leur proposant des expériences leur apportant des compétences utiles à valoriser. Cela a été le cas par exemple pour un candidat qui a travaillé pendant 6 mois sur les aspects fonctionnels du Robotic Automatisation Process. Le poste n’a pas abouti, mais cela fait partie des petites victoires qui aident à construire une approche différente.
Des actions plus que des mots… grâce au collectif.
Les conseils d’un recruteur RH pour les développeurs
C’est avec une grande humilité que Nicolas a accepté de répondre à cette question en précisant qu’il n’est pas développeur et que lui-même trouverait étrange qu’une personne d’un autre métier lui apporte conseil sur comment faire le sien…
Ceci dit, dans le cadre d’un changement de métier, d’une reconversion ou bien du choix de devenir développeur son conseil est justement de faire preuve d’humilité. Comme tout choix de métier ou de carrière, l’humilité de garder en tête « qu’on ne sait pas » va être un atout important pour réussir sa transition.
D’autres points peuvent également vous aider comme se positionner dans une posture d’apprentissage constant, un processus d’essais / erreurs qui va vous faire grandir.
On ne devient pas charpentier en lisant deux livres sur les différentes essences de bois et en s’achetant des outils.
On ne va pas également devenir développeur en lisant « Java for dummies » ou « C++ for dummies » et en achetant un PC qui tourne.
On va devenir développeur en se formant en école, via des tutos en ligne, des projets collaboratifs, mais également en se renseignant, en essayant, en tâtonnant, en se confrontant à la réalité, à des projets qui sont moins dans la réalité, mais qui nous permettent d’essayer de nouvelles choses…
Et surtout aller chercher l’information auprès de ceux qui savent… beaucoup de ressources sont disponibles en ligne.
Et vous ? Quels conseils pourriez-vous apporter de part votre expérience ? Ajoutez-les en commentaire en bas de l’article !
Développeur sans diplôme, le portefeuille projet maîtrisé pèse-t-il dans la balance ?
Nicolas nous partage une double vision, celle de la Suisse et de la France.
Pour la Suisse, l’ouverture est plus grande sur le sujet des diplômes versus compétences. Principalement dû à l’équation bassin de formation versus demande de personnel qualifié (localement).
La Suisse est un pays de 8,6 millions d’habitants avec des formations prestigieuses en informatique comme l’école polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) ou l’école polytechnique fédérale de Zurich (ETHZ). Il existe des hautes écoles spécialisées (HES) qui comportent des parcours informatiques, mais cela va rester limité au regard du nombre de multinationales et de grandes entreprises présentent en Suisse.
Il y a un delta important entre les besoins et les développeurs disponibles localement. À cela s’ajoute la difficulté d’obtenir un permis de travail en Suisse qui incite d’autant plus à l’ouverture sur les compétences plus que sur les diplômes.
Pour Nicolas, l’importance des diplômes est égale à celui des projets personnels qui ont été menées ainsi qu’aux expériences professionnelles du candidat.
En France, le constat du recrutement dans les ESN est le suivant : le fonctionnement même de l’ESN et d’apporter des services à ses clients soit via des solutions forfaitées (qui peuvent être développées via des équipes en plateaux au sein de l’ESN), soit via des missions chez les clients en proposant des profils. Dans ce dernier cas, c’est le client qui choisit le candidat, avec ses critères qui sont bien souvent basés sur les diplômes et certifications plus que sur le portefeuille projet du candidat.
Ce point est important, car il souligne un mode de fonctionnement basé sur un modèle économique, et non une volonté de l’ESN de choisir uniquement les profils sortis d’école avec Bac+5. Là encore il pourrait être démontré aux clients tous les bienfaits de l’inclusion et de la diversité, mais comme le souligne Nicolas, ce travail pour être efficace devrait être mené en amont, dans un processus d’accompagnement, au service de la performance.
Cela prend du temps, Nicolas et d’autres acteurs du monde RH y travaillent et pour le moment les ESN ne sont pas le lieu le plus propice pour accueillir les profils en reconversion. Ce n’est pas impossible, mais il faudra une méthodologie et un accompagnement adaptés pour mettre toutes les chances de votre côté afin de réussir votre reconversion en ESN.
Si vous êtes un profil issu d’une reconversion et travaillant en ESN, partagez votre parcours et votre vision en commentaire, cela pourra aider d’autres personnes à trouver des clefs de réussite, j’y répondrai avec plaisir.
Les ESN et l’effet TripAdvisor
C’est humain, quand ça ne va pas, cela fait du bien d’en parler. Se plaindre peut soulager et parfois même nous pouvons trouver des raisons externes à nos problèmes, après tout, ce n’est pas de notre faute, ou « que » de notre faute…
Il paraît même qu’en France nous avons un goût prononcé sur le sujet et une compétence reconnue internationalement. S’il y a un domaine où l’on nous attribue une pleine maîtrise de l’état de l’art, c’est bien celui de se plaindre à tel point que Coluche nous expliquant pourquoi le Coq est l’emblème de la France « C’est parce que c’est le seul animal qui chante alors qu’il a les pieds dans la merde » 🙂
Cette parenthèse étant refermée, l’effet TripAdvisor en ESN c’est le même que pour les restaurants. Vous aurez plus facilement des critiques négatives que positives, principalement car il est plus facile (et courant) de dire quand ça va mal que quand ça va bien. Bien sûr il existe des expériences négatives, voir mêmes limites, mais comme dans chaque profession.
Savoir prendre de la hauteur, se faire son propre avis hors des réseaux sociaux est devenu aujourd’hui primordial pour celui qui souhaite choisir son orientation ou sa reconversion en pleine connaissance de cause.
Beaucoup de personnes, dont Nicolas fait partie, travaillent à l’amélioration de cette image, concrètement par des actions. Comme par exemple des initiatives avec le Slack Recruiter’s Kitchen qui compte plus de 2000 recruteurs.
Dans les actions du quotidien, Nicolas travaille également sur la qualité des recrutements, plus que la quantité. Un effort gagnant sur le long terme, qui permet aujourd’hui à sa société d’avoir de vrais indicateurs de satisfaction, par exemple une présence moyenne dans l’entreprise de 4,9 ans.
The Positive Thinking Company
Ce n’est pas un « buzzword », pas d’inquiétude ! Ces termes m’ont intrigué et sont en fait le nom de l’entreprise dans laquelle Nicolas Travaille, en Suisse.
En lisant cet article, vous l’avez compris, Nicolas agit chaque jour pour faire de ces termes une réalité terrain.
Positive Thinking Company est un groupe Belgo-Français présent dans 37 agences avec 2700 collaborateurs. L’état d’esprit du groupe n’est pas de dire que tout est beau et tout est rose, car ce n’est pas vrai. L’état d’esprit partagé est de prendre le côté positif de toutes les situations pour trouver des solutions et avancer ensemble. La notion de performance collaborative est très importante au sein du groupe.
L’approche est intéressante, car là où la plupart des ESN « marketeront » qu’elles sont là pour trouver des solutions, il est plus réaliste et constructif de dire que parfois ce n’est pas possible, mais qu’on peut trouver des contournements positifs, toujours au service du client ET des collaborateurs, une belle définition du « Réussir ensemble« .
L’entreprise propose des événements internes, des Meetups, des virtuals cafés ainsi des formations internes par les collaborateurs, pour les collaborateurs.
Les employés bénéficient d’une structuration et d’un processus d’évolution qui permet à chacun de disposer des compétences nécessaires pour évoluer en interne ou bien adresser le marché de l’emploi dans les meilleures conditions s’il souhaite choisir un chemin différent. Chacun grandit ou sort grandi dans cette aventure, c’est assez rare pour le souligner.
Lorsque la loi préconise des entretiens de suivi annuel et professionnels tous les ans / 2 ans, Nicolas accompagne les collaborateurs au travers d’un parcours d’entretiens semestriels afin que chacun puisse partager les succès, mais également les difficultés avec à la clef des choix étudiés en commun pour atteindre les objectifs… ensemble.
D’ailleurs, c’est le candidat qui propose ses objectifs, là encore des actions concrètes…
Coder pour changer de vie dans les montagnes !
Nicolas et moi-même partageons la moto comme passion et avons la chance de vivre près des montages. Si vous souhaitez profiter d’un cadre de travail agréable pour la moto (mais pas que) vous pouvez contacter Nicolas pour des opportunités. Une entité du groupe existe par exemple au Bourget du Lac, à 1 heure de Lyon, proche de Chambéry. Planeur grandeur, radiocommandé, randonnées, Stations de Ski proches, activités nautiques (avec le lac d’Aix les bains); etc …
Bref, vous l’avez compris, un cadre de travail pour celle ou celui qui souhaite réellement « Coder pour changer de vie » 🙂
Si je vous invite à contacter Nicolas, c’est principalement, car cela a été pour moi une belle rencontre humaine avec des valeurs et un état d’esprit partagés.
Développeur, comment aller plus loin ?
Il est important de pouvoir se faire son propre avis en analysant des retours terrains plutôt qu’une succession de mauvaises expériences sur les réseaux sociaux. Je remercie Nicolas pour sa franchise et son ouverture qui vous aideront à choisir au mieux les clefs pour réussir votre évolution professionnelle, qu’il est possible d’allier avec une réussite personnelle et bien sûr collective.
Si vous souhaitez aller plus loin et pourquoi pas pouvoir répondre aux offres proposées par Nicolas, lisez les autres articles sur le blog, accédez aux podcasts ainsi qu’aux vidéos et inscrivez-vous à la newsletter pour ne pas rater les prochaines publications (certains contenus sont uniquement sur la newsletter).
Vous pouvez également être acteur de votre parcours en ajoutant vos réponses à celle de la communauté de Coder pour changer de vie (cliquez ici pour le faire rapidement, moins de 5 minutes). En répondant à quelques questions vous priorisez les prochains contenus qui vous seront proposés et vous aideront dans votre parcours.
Belle journée à vous et un grand merci à Nicolas !
à très vite !